notes de lectures...

Je possédais ainsi tout un jeu de carnets, calepins et blocs-notes divers, de chez Rhodia et Schleicher & Schuell, la couverture orange et les feuilles détachables, ainsi que quelques petits carnets chinois, carrés, à l'élégante couverture rigide noire et rouge. J'emportais toujours quelques-uns de ces carnets avec moi quand je sortais, les glissant dans ma poche avant de quitter mon bureau, et, au gré de mes sorties, je les remplissais en permanence de bouts de phrase et de bribes, d'aphorismes et d'idées, d'observations et de formulations diverses (ces dernières n'étant souvent que l'expression la plus juste de ces avant-dernières), dont je ne me servais généralement jamais une fois le travail commencé. Il me semblait en effet qu'une idée, aussi brillante fût-elle, n'était pas vraiment digne d'être retenue si, pour simplement s'en souvenir, il fallait la noter.


Jean-Philippe Toussaint : "La Télévision". Paris : Les Editions de Minuit, 1997.